Le désert excisé (Fleur du désert)

Une biographie bien aride. Waris, jeune fille nomade connaît une vie difficile, elle décide de quitter ses parents pour éviter un mariage forcé. Elle rejoint alors sa grand-mère à Mogadiscio qui décide de lui faire quitter la Somalie pour Londres. Arrivée dans ce nouveau pays, elle vit de petits boulots et se fait remarquer dans un fast food pour sa beauté. Elle est tout de suite embauchée pour un shooting et devient bientôt l’un des top-modèles les plus connues. Mais elle cache un lourd secret. Résumé comme cela, le film ressemble plus à un conte qu’à un véritable drame. Mais c’est sans compter sur le sujet sous-jacent : l’excision.
Bien entendu, le film n’est pas mauvais parce qu’il traite de ce problème. Au contraire, c’est tout en son honneur d’avoir enfin voulu soulever un sujet sensible et de le mettre en image. Sherry Hormann, la réalisatrice de Fleur du désert semble toutefois oublier que même si on a le fond, il ne faut pas négliger la forme. Son film, de conception classique, tourne tout au long de la première partie autour de l’arrivée dans un nouveau pays, du manque d’intégration et de la difficulté d’être étranger. Le souci est de ne pas savoir canaliser sa force sur un seul problème, le plus important par exemple, l’excision. Elle se perd donc dans les méandres d’un pseudo biographie qui ennuie.

Même la mise en scène manque de rythme. Fleur du désert devient un « énième » film réalisé comme tous les autres. Hormann ne prend aucun risque, ce qui est bien dommage. La texture lisse et plate est loin de convenir à ce sujet si particulier et fort. On finit par croire à une belle histoire tant les images nous y poussent. Tout, même le montage et l’utilisation de la musique fait penser à un remake de Coup de foudre à Notting Hill plus qu’à un pamphlet contre l’un des nombreux fléaux fanatiques.

Il est dommage que Sherry Hormann délaisse autant la première arme du cinéma qui est de raconter des histoires par les images plus que par la parole. C’est très souvent le travail technique qui en plus de la narration fait la qualité et la survie d’un film dans l’esprit du spectateur. La disparition de l’esthétique au profit d’un propos plus important et engagé aurait fait de Fleur du désert un film marquant. Dommage.

Fleur du désert
un film de Sherry Hormann, inspiré de la biographie de Waris Dirie, sortie le 10 mars 2010
avec Liya Kebede, Sally Hawkins, Timothee Spall

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