Enfin un film qui donne envie. Les éditions Wild Side ont eu la grande idée de ressortir les plus grands titres du cinéma pornographique des années 70 et 80. La collection L’Age d’or du X américain permet de découvrir ou des redécouvrir de nombreuses œuvres (Coed fever, Devil in miss Jones ou encore Odyssey). Debbie does Dallas est peut-être l’œuvre la plus connue car maintes fois parodiée dans la culture de masse. Mais oui ! Rappelez-vous dans un épisode des Simpson, Krusty le clown se rend dans un cinéma pour adultes voir Debbie. Le réalisateur Jim Clark ne pensait sûrement pas à l’époque que son film marquerait autant et que ce titre serait dans toutes les bouches et dans toutes les oreilles. Encore aujourd’hui tout le monde, même sans l’avoir vu, connaît au moins le titre de cette œuvre. Et l’on comprend le pourquoi de cette notoriété. Debbie est capitaine des pom pom girls d’une ville lambda des Etats-unis, elle a gagné le droit de faire partie pour un soir des cheerleaders qui soutiendront l’équipe de football de Dallas, mais elle doit gagner de l’argent pour son voyage. Ses amies vont alors décider de l’aider, et elles sont prêtes à tout…
Servi par un superbe casting dans lequel nous retrouvons la mythique Bambi Woods. Ses minauderies et son air de ne pas y toucher donne au rôle un semblant de réalisme qui colle parfaitement avec l’esthétique « vintage » de l’époque. Chaque séquence du film apporte son lot de bonne phrase, comme le fameux "ne t’étrangle pas avec, je ne voudrais pas que tu meurs". Indépendamment de ces phrases mythiques, le film est loin de l’abjection de chair dans les pornos de notre époque. Debbie does Dallas ne cherche pas à faire du cul pour du cul, mais au contraire est un vrai film assorti de séquences un peu « hot ». Même sur un point de vue purement scénique, Jim Clark est en constante propositions de cadrages ou de jeux avec le décor le tout sur une musique funk digne des meilleurs blacksploitation. Si l’on reconnait un certain goût pour l’économie du plan c’est peut être, et il faut le rappeler, qu’à cette époque les caméras était beaucoup plus lourdes que maintenant et que l’industrie du porno n’ayant pas de grands moyens récupérait très souvent des chutes de pellicules dans les poubelles des grands studios pour s’en servir (c’était les premiers écolos). Le réalisateur ne pouvait alors pas s’amuser à foirer une prise ou à sur découper une scène pour lui donner plus d’ampleur. Aujourd’hui, avec les nouvelles caméras numériques la part belle est au montage épileptique et à l’abstraction du temps. Ce que le progrès HD a amené en cinéma, il l’a enlevé à l’industrie pour adulte. La vulgarisation et l’animalité des rapports de notre époque ne sont pas de mise pour le cinéma Boogie night. Debbie does Dallas a touché toute une génération par son côté classieux, et qui ne prenait pas le spectateur pour un con. Ici pas de fausse jouissance avec des cris à en déchirer les tympans, ni de scène de trois quart d’heure sans fin. Tout est fait pour non pas donner envie aux prouesses sportives mais à l’image et à la narration en tant que telle.
Debbie does Dallas est un des grands chefs d’œuvre de la pornographie, la ressortie de ce film permet de se rendre compte de la qualité d’un genre qui, à vouloir trop en faire, finit par bander mou. Jim Clark fait de son œuvre un véritable plaisir solitaire que l’on est toujours heureux de revoir ou de revoir, ne serait-ce que pour la formidable Bambi Woods.
Debbie Does Dallas
de Jim Clark, disponible en DVD (éditions Wild Side)
avec Bambi Woods, Herschal Savage, Merle Michels
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