Entre chien et loup (Une Nouvelle ère glaciaire)

Une épopée qui laisse perplexe. Première fiction de la jeune réalisatrice Darielle Tillon, ce voyage entre Cherbourg et les contrées sauvages de la Bulgarie déçoit. Deux frères, David (Mélaine Lebreton) et Eric (Mickael Rebouilleau) finissent la saison dans un camping sur la côte normande. Ils se demandent ce qu’ils feront après et sans prévenir Eric disparaît. Désemparé son frère se lance alors dans une quête incessante de la fraternité qui le poussera à marcher jusqu’en Europe de l’Est. Ayant tout d’abord commencé par la vidéo d’art et l’art plastique, la réalisatrice alterne entre séquences d’abstractions et séquences narratives. Un homme marchant dans la neige ou encore des effets stroboscopiques sur la dernière soirée d’Eric qui le font disparaître puis réapparaître, prémices de sa fuite, répondent à de longue conversation sur la mondialisation et ce qu’est une frontière aujourd’hui. Le sujet qui semble préoccuper la réalisatrice est tout droit sorti d’un conte de fée pour enfants attardés, le dépassement des frontières, les nouvelles formes de communications entraînent l’humain vers sa forme la plus animale. C’est d’ailleurs sans grande subtilité que Tillon sort cet argument lors des retrouvailles des deux frangins dont l’un est transformé en « animal » après un accident de voiture, ses blessures au visage lui donnant l’apparence d’un chien.

Malheureusement, le film agit comme un pétard mouillé. Tous les effets de styles employés par la réalisatrice tombent à l’eau et emportent avec eux l’attention que l’on peut avoir pour l’intrigue. Au milieu du film, une étrange ellipse scinde la narration et les pays. D’une course à vélo de nuit en campagne normande, David se retrouve dans un lit au cœur de la Bulgarie. Cet aspect fantastique voulu par la narratrice apporte une sorte de malaise. Selon elle, dans le dossier de presse, le cinéma français ne sait pas mélanger les genres et reste cantonné dans ses propres schémas. On peut au moins le lui accorder. Mais ici la trop forte utilisation de formes (classique et abstraite) et de genres (réalisme et fantastique) fait penser à un patchwork d’idées cousues les unes sur les autres mais sans réelles représentations formelles. Une nouvelle ère glaciaire se veut comme la transformation animale de son personnage, c’est-à-dire une métamorphose, une mutation. Par là on entend celle du cinéma français vers un melting pot des genres et des styles. Cependant cette idée est peut-être trop grande pour un film qui s’arrête bien avant la fonte des glaces dans l’évolution cinématographique.

Une Nouvelle ère glaciaire
de Darielle Tillon, sortie le 24 février
Avec Mélaine Lebreton, Mickaël Rebouilleau

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