Alice, dans le trou du lapin (Alice ou les desirs)

Encore un film français qui ne sait pas traiter du désir. Le nouveau projet du cinéaste Jean-Michel Hulin fait plus rire qu’il ne donne à réfléchir. Alice (Caroline Mercier), jeune professeur de mathématique, à qui la vie sourit, décide de quitter son petit ami (Axel Zeppegno) lors d’un repas familial chez sa cousine (Cécile Calvet). Le film ne reflète malheureusement que le pathétique d’un réalisateur sans grandes convictions et qui se sert de l’idée de sexualité pour ameuter une foule de jeunes boutonneux en mal de sexe. De ce travail ne ressort que des cadres à la moi je te pousse, un rythme qui permet de pisser entre les séquences et surtout un anti-désir. Hulin fait se succéder pendant près de deux heures des séquences de soi disant découvertes des corps et de la sexualité. Et pour lui, cela passe forcément par toutes les déviances qui trônent aujourd’hui sur le web, du voyeurisme au sado-masochisme en passant par la sodomie violente. Comme dans n’importe quel film porno, le montage d’Alice ou les désirs enchaine les expériences sexuelles, le cul et l’excitation en moins.

Le mauvais goût du cinéma français. Depuis le cinéma porno américain des années 80, il était rare de voir sur un écran un homme cracher dans sa main pour faire une sodomie. Ce que la vidéo pour adulte avait annihilé, Alice ou les désirs se le réapproprient dans son festival de clichés sur les femmes et le sexe. Cela fait bien longtemps que le cinéma qui scrute les désirs de notre époque ne fait plus bander et ici c’est une véritable castration chimique qui s’opère. Les trop longues séquences de découverte du sadisme ne mènent qu’à un fou rire général et à une forme de gène pour les acteurs et le réalisateur. On remarque même une sorte de « «beaufferie » dans la mise en scène et certains choix appliqués à la narration. On se souviendra de la promenade d’Alice en plein centre ville attachée par une laisse sur la chanson de Iggy Pop and the Stooges I wanna be your dog ; revival d’une époque où les paroles d’une chanson traduisent une action, comme dans les clips des années 90. Alice ou les désirs attache son spectateur, mais dans le mauvais sens du terme, c’est une relation sadique qui se met en place. Après avoir vu ce film, on se surprend à vouloir se faire battre pour l’oublier.

Hulin a sans doute oublié que les films fait avec trois francs six sous et ayant pour thème le désir ont déjà été exploités par un autre genre de cinéma et de meilleure façon. John B. Root cinéaste du porno fait-maison parvient plus à expliquer les envies de notre époque que ce film mièvre. Alice ou les désirs a au moins le mérite de faire rire sans le vouloir.


Alice ou les désirs
de Jean-Michel Hulin, sortie le 24 février
Caroline Mercier, Axel Zeppegno, Cécile Calvet

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