Conan Doyle sous Prozac (Sherlock Holmes)

On peut se demander si le cinéma avait réellement besoin de ressortir du caveau la fameuse icône anglaise et son célèbre flair pour les petites choses alors que le petit écran s’en sert déjà pour le moderniser. Aujourd’hui, les réalisateurs sont à la redécouverte d’œuvres du passé, d’archéologie des icônes lointaines afin de les remettre au goût du jour. C’est le cas pour Gainsbourg, et c’est aussi celui de Sherlock Holmes de l’Anglais Guy Ritchie. Le personnage de Sir Arthur Conan Doyle ré exploité sous différentes formes aura en 2010 un nouveau visage, celui de Monsieur Iron Man, Robert Downey Jr. (qui reprend encore ce rôle de façon lâchée et désinvolte). Déjà, les célèbres séries telles que Les experts Las Vegas (Le personnage de Grissom est parfait pour cet exemple), Mentalist (Un homme qui observe chaque élément d’un crime pour obtenir une résolution avant la police) et enfin Docteur House (docteur boiteux directement en référence avec Watson, le célèbre comparse de Holmes) tentait de remettre ce de personnage au goût du jour. Or ce que Ritchie tente de faire avec ce film, ce n’est pas la modernisation d’une œuvre mais donner une aura cool au détective du 221 Baker Street.

Élémentaire mon cher Watson, pour Ritchie, la reconquête d’une œuvre passe par sa destruction la plus total. Pour résumer le film, disons qu’Holmes s’embarque une nouvelle fois avec son comparse Watson (Jude Law) dans une aventure fantastique (mais que bien évidemment, la science parviendra à contrecarrer) contre Lord Blackwood, un notable anglais qui se fait passer pour un magicien maléfique et qui tente d’asservir le monde avec la première arme de destruction massive (une bombe chimique commandée par une télécommande). Dans sa dernière réplique Holmes parlera du monde moderne grâce au contrôle à distance que permet cet engin (si seulement on pouvait zapper pendant la projection de ce film, là ça serait moderne). Finalement, ce n’est plus une cool attitude que donne Ritchie à son personnage mais une tare. Toujours bourré, dormant à même le sol, les vêtements débraillés, bref une tenue de tocard qui remplace la classe que pouvait avoir le flegmatique détective à la loupe. Son comparse Watson n’est d’ailleurs pas en reste de dégradations. Il n’est plus la conscience ni le narrateur des aventures d’Holmes, mais un vulgaire bourrin assoiffé de baston et défonceur de porte. Même la relation entre les deux protagonistes est transformée. L’homosexualité ambiguë présente dans les romans se transforme en jalousie du détective pour la fiancée de son partenaire. La mise en scène de Ritchie ne permet pas non plus au film de se relever, son montage épileptique et ses zooms abusifs sur les éléments qu’il ne faut surtout pas laisser passer, font du protagoniste une sorte de moine Shaolin capable de prendre le dessus sur son adversaire en l’analysant.

On peut cependant constater l’intérêt de certaines séquences, notamment lors d’un repas au restaurant, Holmes qui attend Watson ne peut s’empêcher d’analyser la salle, ce qui le rend malade. Cette courte scène très vite mise de côté ne prend malheureusement pas plus d’ampleur dans le film qu’une vague dans l’océan. Ritchie essaie avec perte et fracas de faire renaître un mythe de la littérature anglaise, les explosions en plus, le raffinement british en moins.


Sherlock Holmes
de Guy Ritchie, sortie le 3 février
avec Robert Downey Jr, Jude Law

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