Une œuvre magistrale digne des films de James Dean et d’Audrey Hepburn. Le deuxième film de Xavier Dolan (après J’ai tué ma mère en 2009) a encore une fois montré toute la force et l’énergie de ce jeune cinéaste en herbe. Les amours imaginaires narre l’histoire de deux amis Francis (Xavier Dolan) et Marie (Monia Chokri) qui tombent tous deux amoureux du même garçon, Nicolas (Niels Shneider). Se crée alors une sorte de dualité pour obtenir les faveurs du jeune garçon. Le réalisateur canadien suit le parcours de trois post-adolescent en quête d’une relation. Il cherche à comprendre la jeunesse d’aujourd’hui en créant une relation triangulaire à la Jules et Jim.
Clin d’œil ou réappropriation, Dolan voyage à travers tout un univers cinématographique et en parcourt l'histoire. Les effets de ralenti sur Marie marchant dans la rue et se finissant sur ses fesses, ponctués de Bang Bang de Dalida fait inexorablement penser aux films de Wong Kar Wai. Le jeune cinéaste rend aussi hommage à des icônes visuelles et musicales. Les deux protagonistes semblent tout droit sortis d’un film des années 50 avec leurs coupes de cheveux et leurs façons de s’habiller.
Si Dolan film à la manière de, il arrive à imprégner son film de sa propre personnalité. Les dialogues oscillent entre l’humour et l’émouvant. Mais, et là il faut souligner le coup de génie de ce réalisateur, il n’hésite pas à ponctuer ses scènes les plus dramatiques par des séquences documentaires dans lesquelles il interroge des gens sur leur relation, la sexualité, la rupture, dans une forme des plus amusantes et des plus crûe.
Les amours imaginaires transposent le fantasme vers sa destinée la plus pure : la sensation. Les images magnifiques de ce jeune réalisateur transcendent par leur poésie. Lors des scènes de sexe il insuffle une sensualité érotique. Les ralentis sur des parties de corps, la peau toujours filmée en gros plans, le tout mélangé à une musique douce et sensuelle provoque un renouveau de signification dans le vocabulaire cinématographique. Oui bien sûr, on sait que depuis Griffith, le gros plan sert à suggérer une émotion, à la faire transparaître. Mais Dolan va plus loin puisque les couleurs de l’image indiquent presque des rêveries nocturnes, érotiques, relayées par ses personnages. Nappée de bleu ou de vert, la séquence n’appartient plus réellement au film, mais elle devient une œuvre à part entière sur la sensualité du cinéma. Ici, il ne s’agit plus seulement de regarder, mais de ressentir par l’image et par le son la magnificence d’une caresse visuelle.
Dolan avec Les amours imaginaires dresse un portrait de la jeunesse à la recherche d’un temps perdu, d’une sensation perdue et il le fait avec un véritable brio.
Les amours imaginaires (sortie le 29 septembre 2010)
Réalisé par Xavier Dolan
Avec Monia Chokri, Niels Schneider, Xavier Dolan