La métamorphose de la Gibson (Henry)

Après Rock Academy avec l'exubérant Jack Black ou encore Spinal Tap, Kafka (alias Francis Kuntz, le célèbre journaliste tête à claques de Groland) rejoue ici la formation d'un groupe musical, conservant la lignée de son personnage du petit écran. Henry, guitariste minable de bals populaires, est une vrai ordure. Prêt à tous les coups pour obtenir ce qu'il veut, il n'hésitera pas à faire interner sa sœur ou à escroquer la mère de son pote fraichement décédé. En bref ce vendeur d'instruments est un véritable connard, mais du genre de ceux à qui l'on s'attache et que l'on aime détester. Kafka fait de son personnage et de son film un ovni dans le panel des sorties hebdomadaires. Réalisé entre potes en conservant l'humour Groland, Kafka s'entoure d'acteurs sur sa même longueur d'onde. On notera la remarquable interprétation d'Élise Larnicol (ex Robins des bois) dans le rôle de la sœur de Henry, dépressive et toujours à côté de la plaque. Leurs allocutions verbales, entre violence et passivité, sont un plaisir. Depuis bien longtemps Larnicol n'avait pas été vue sur le devant de la scène, et ici c'est une belle leçon d'actrice qu'elle nous donne. Une œuvre qui vaut le détour rien que pour sa présence à l'écran.

On regrette que Kafka ne parvienne cependant pas à sortir son film des méandres de ce qu'il faisait déjà pour Groland. Les sketchs se suivent et finissent par se ressembler et sans pour autant amener de l'eau au moulin. Dès le début, on le comprend, Henry est un naze sans sentiments pour personne à part pour lui-même, un brin raciste et requin sans scrupules. On sent que Kafka cherche à en faire un être à part, tout comme il cherche à ne pas faire ce qui se fait déjà dans le cinéma français. Mais sur une heure trente, les blagues ne font finalement plus rire, restant de pâles copies des fameuses vidéos du journaliste tapageur, l'inventivité en moins, la longueur en plus.

Finalement, même si le film Henry sort du lot il ne marquera pas par ces intentions mal menées, mais uniquement par sa brochette d'acteurs et de gueules atypiques. Ce n'est déjà pas si mal.


Henry
un film de Pascal Remy et Kafka, sortie le 31 mars 2010
avec Elise Larnicol; Kafka (alias Francis Kuntz), Bruno Lochet, Jean-François Derec, Lucien Jean-Baptiste, Gustave Kervern

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