Un film percutant pour un plaisir coupable (Expendables, unité spéciale)


Attendu comme le loup blanc. Le dernier film de Sylvester Stallone, avec son casting mémorable, reste dans la lignée de ses dernières réalisations : géniales. Sly met fin une nouvelle fois à une légende, celui des héros des années 80 et 90 bodybuildés et capables des plus extraordinaires prouesses.


The Expendables est le nom d’un groupe de mercenaires, envoyé sur des missions difficiles lorsque d’autres organismes ont les mains liées. Ils sont contactés par Monsieur Church (Bruce Willis) pour tuer le dictateur d’une île d’Amérique du Sud.
Evidemment, résumé comme cela le film paraît très simple, et il ne faut pas se faire d’illusion, il l'est. L’intrigue va d’un point A à un point B sans sortir de son chemin. Ce scénario lambda est dirigé par un génie qui enterre ici ses propres mythes et ses thèmes de prédilections. Stallone semble tirer une sorte de conclusion sur sa carrière (comme avant lui Clint Eastwood avec Gran Torino, 2008) et faire un clin d’œil à tous ses films, des premiers Rambo en passant par d’autres plus obscurs comme Cobra (George Pan Cosmatos, 1986) dont il était lui-même le scénariste.


Pour beaucoup, Expendables, Unité spéciale pourrait ressembler à un "nanard". Bien entendu Il n’est pas le film intellectuel du siècle, il n’y a pas d’arrière-fond politique ni sociologique. Il faut le prendre tel qu’il est, c’est-à-dire bonne série B qui permet de passer du bon temps et de se faire plaisir.


La grande force du film, et du réalisateur, est de toujours réagir en deux temps : une scène d’action est systématiquement suivie d’un bon mot ou d’une blague. Schéma très hollywoodien, fortement mis en images par les Buddy movie et surtout la célèbre série des Armes fatales. Mais Stallone n’en reste pas là et intègre à travers l’action des moments plus empreints d'émotion, laissant ainsi la part belle aux jeux d’acteurs. Chaque personnage s’épanouie lors de SA scène. Jet Li plutôt en retrait se voit offrir son "quart d’heure de gloire" avec deux combats contre Dolph Lundgren et Gary Daniels ou encore Mickey Rourke lors de son émouvante tirade sur la condition du mercenaire.
Le plaisir du film, comme celui de Stallone, est de ressusciter ces anciennes gloires des années 80 pour leur offrir un (peut-être) chant du cygne et de se réjouir de tourner des scènes hors combat et au-delà de toute vraisemblance, pour le seul plaisir des yeux.


Car finalement voilà bien ce qu’est Expendables, Unité spéciale, un plaisir coupable ! Il ne joue que sur la solitude et l’imaginaire enfantins de toute une génération. Tous ceux qui se sont rêvés un jour John Rambo zigoulliant à tout va vont retrouver le plaisir des films des années 80.  Que cela soit dans l’apothéose du film avec l’attaque du manoir du dictateur et son surjeu d’action : le palais est littéralement atomisé par la surcharge d’explosifs installée par les mercenaires. Ou encore Stallone, le pistolet au poing tirant sans cesse et rechargeant à une vitesse folle, ou bien lançant une roquette à la main et de tirer dessus afin de détruire un hélico. Séquences fantasques par leur grandiloquence mais qui collent parfaitement.




Si le film représente la fin d’un mythe : l’homme d’action sans pouvoir, il est aussi la transition d’une époque à une autre. Et le grand représentant des années 2000 est ici incarné par Jason Statham. On se plait  à le voir partager l’affiche (et plus de la moitié du film) au côté de Stallone comme un petit jeune qui entrerait dans un cercle très fermé et qu’il faudrait initier à toutes les règles, un vent de jeunesse créant un décalage. Les joutes verbales entre les deux personnages préconisent d’ailleursce passage entre deux âges. Que cela soit sous la forme de l’humour à propos de la différence d’âge : « Tu n’es plus aussi rapide qu’avant laisse-moi faire ». Ou à propos d’une relation : « je ne savais pas que notre relation avait évolué à ce stade ». Stallone indique ainsi la voie à son nouveau protégé. Il ne reste plus qu’à espérer que Statham réalisera des films aussi percutants que son aîné.


Expendables, unité spéciale (sortie le 18 août 2010)
un film de Sylvester Stallone
avec Sylvester Stallone, Jason Statham

1 commentaire:

  1. Je suis d'accord, hormis le fait d'être un grand plaisir coupable, le film met en scène la fin d'un mythe, le mythe de la figure héroïque du cinéma d'action.
    J'en parle un peu moins sérieusement sur ASBAF : http://www.asbaf.fr/2010/08/expendables-amicale-de-briseurs-de.html

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